Compagnie TutuBasket
Les averses de pluie menaçantes nous ont contraints à un lieu de repli sur le parvis de la MJC.
Elle et il dansent, différents mais ensemble.
La danse classique en spectacle de rue, c’est peu habituel. En revanche, la rue est le terrain d’expression favori du locking une forme de danse de la culture hip-hop. Ce sont ces deux types de danses qui se rencontrent avec Tutubasket.
Elle, danseuse en tutu, commence à danser sur ses pointes et sur une musique des plus classique. Lui arrive en tenue de hip-hop et observe la danse avec un peu d’arrogance ; ils se regardent en se jaugeant. Lui, commence alors à mouvoir son corps tel que le danseur de locking sait le faire.
Puis l’une et l’autre montrent le meilleur de son art dans une confrontation en mode battle.
Malgré des expressions corporelles et des rythmes musicaux très différents, elle et lui arrive à trouver un terrain d’entente, et leur rencontre se termine par un ballet accompagné d’une version moderne d’une symphonie de Beethoven.
Différents mais ensemble !
Marie
« Ne le dis surtout pas ! » par la compagnie GIVB
La pluie, ce jour-là, nous a amenés à déplacer ce spectacle de théâtre de récit dans la MJC.
Et le public a été au rdv, nous avons même dû ouvrir en grand la salle Atmosphère pour accueillir tout le monde.
Ne le dis surtout pas ! Mais à qui, et pourquoi ?
Seul en scène, pendant plus d’une heure, Stéphane nous a expliqué cette injonction que sa mère lui a assenée en 2001, quand il avait alors tout juste 20 ans.
Et encore aujourd’hui cette phrase maternelle lui revient en écho, souvenir indélébile comme marqué au fer rouge.
Avec malice, humour, dérision, sensibilité et talent, Stéphane nous raconte son histoire de petit garçon à l’école primaire, d’adolescent qui entend de plus en plus son cœur battre fort dans sa poitrine, et de jeune adulte qui réussit à vivre en accord avec lui-même.
Cela ressemble parfois à un volcan en éruption, une absence, un rayon de soleil bucolique qui dure toute une saison, un manque, une rencontre, une rupture, un feu d’artifices, un espoir.
Dès la primaire il s’est senti différent des autres petits garçons, rien vraiment de singulier à l’extérieur, il avait compris les codes binaires de la cour de récréation mais il avait du mal à s’y soumettre, il avait envie de tout autre chose, de jouer avec les filles, de regarder autrement les garçons et d’en embrasser certains.
Bien sûr tout cela est resté fantasmes, bien tapi, bien à l’abri dans son cœur, dans son corps et dans sa tête.
Avec l’adolescence, Stéphane est devenu plus audacieux, il n’y avait pas encore internet, alors il y a eu des magazines et le minitel (c’est l’ancêtre d’internet, précision sans doute utile pour les moins de 20 ans!).
Et avec sa fougue de jeune adulte, son courage d’être lui, en écoutant son cœur et son corps, il est parvenu à rencontrer des garçons comme lui, à vivre des histoire d’amour, au masculin et au pluriel.
Alors il a eu envie et besoin de le dire à sa mère, parce qu’il est heureux, parce qu’il est amoureux et qu’il partage la vie de son chéri.
Pas à son père, montagne trop haute, pas tout de suite….
Et c’est là que sa mère a prononcé ces mots qui sont devenus le titre du spectacle : Ne le dis surtout pas !
Parce qu’elle avait peur que son père la quitte, cette peur qui nous empêche bien souvent d’être heureux, d’être nous-mêmes.
Stéphane a respecté cette injonction pendant quelques années.
Puis un soir, au cours d’un dîner chez ses parents, il l’a dit à son père et ce dernier a écouté son fils avec amour et bienveillance, parce qu’il a compris, il a vu à quel point son fils était heureux avec un garçon.
Stéphane nous invite à vivre tels que nous sommes, à oser dire nos différences, à surtout ne pas les taire !
Et le public a été conquis, il a longtemps, debout et chaleureusement, applaudi Stéphane, une ovation remplie d’émotions, j’en ai même vu certains, certaines avec les yeux humides en quittant la salle.
Merci Stéphane et la MJC pour ce spectacle singulier, courageux et si émouvant.
Valérie